Eléments établissant l’existence de
l’ « homme au pull-over rouge », documents et témoignages
dissimulés à la cour d’assises.
Ces éléments
regroupent les procès-verbaux concernant les agressions qui ont eu
lieu avant l’enlèvement de Marie-Dolorès. Ils attestent qu’un
satyre au pull-over rouge a agi les jours précédant le crime dans
la région où les faits se sont déroulés. Or si cette piste a été peu suivie durant
l’audience, et surtout jugée peu crédible ou peu intéressante,
elle était bel et bien connue des policiers de la sûreté urbaine
qui connaissaient l’existence de cet homme (dont ils ont
d’ailleurs cherché la trace après l’enlèvement).
Le pull-over rouge
est la première découverte de l’enquête, le 5 juin à 15H20. Il
sera au centre des démarches de recherche de la police. Or ce pull
n’a pu appartenir à Ranucci pour diverses raisons, ce que la
police considère comme établi au début de l’enquête.
Le 4 juin,
l’inspecteur Porte reçoit la déclaration de Jean C. qui porte
plainte contre un homme qui s’était livré à des attouchements sur
ses deux fillettes le 1er juin à la cité marseillaise des
Cerisiers, dans le quartier Saint-Loup. Paul Martel dépose
concernant cette affaire le même jour et décrit l’individu (qui
d’après un autre habitant de la cité s’est enfui à bord d’une
Simca 1100) comme âgé d’une trentaine d’années, grand, aux cheveux
bruns, avec des yeux de couleur foncée, le cou un peu fort. Les
filles de M. C. le décrivent grand, mince, environ 25 ans, avec
des cheveux noirs, portant un pull-over rouge. Les descriptions de
ce pull-over rejoignent précisément le pull retrouvé dans la
champignonnière.
Le 6 juin,
Christian Ranucci est présenté aux fillettes et à M. Martel. Il
n’est pas reconnu comme étant le satyre recherché. Il possède
d’ailleurs un alibi. On voit ici que la police fait un lien entre
cette affaire et l’enlèvement de Marie-Dolorès. Or les affaires
seront séparées postérieurement aux aveux de Ranucci. Le juge
d’instruction n’aura, de même que Ranucci, pas trace de ces
éléments. Ces éléments capitaux disparaissent du dossier. Leur
réapparition surprise a lieu à la fin des débats à la Cour
d’assises... (Voir
autre élément nouveau)
Gilles Perrault a
pu ensuite s’entretenir avec M. Martel, qui évoque alors la fuite
de l’homme dans une Simca 1100.
Lors de la
production des PV après les plaidoiries de la défense, cette
dernière, prise de court, n’avait su exploiter ces éléments. Or
ils apportaient à Ranucci une aide précieuse à la démonstration de
son innocence, dissimulée par l’accusation. Il faut ici admettre
que la défense aurait pu connaître ces éléments, notamment grâce à
l’évocation dans la presse locale de ces PV, mais surtout grâce à
l’interview du commissaire central Cubaynes dans La Marseillaise
le 5 juin. Il y déclare : « Il y a un mois deux fillettes
étaient l’objet d’une tentative d’enlèvement à Marseille…le motif
choisi pour attirer ces deux enfants était le même que pour la
petite Marie-Dolorès, le chien noir. […] Vous savez, ceci
vaut tous les signalements. La corrélation que l’on peut faire
entre les deux affaires semble confirmer autre chose : l’assassin
a agi avec préméditation. » Ici, le commissaire ne fait pas
allusion à l’affaire des deux fillettes C., mais à l’ « affaire
Mattéi ». Le subterfuge du chien est utilisé de façon semblable
pour tenter d’enlever l’enfant.
Evidemment la
déposition de Madame Mattéi ne figure pas parmi les PV rapportés
par la Sûreté Urbaine, mais ceux évoqués ci-dessus prouvent que sa
déclaration à la barre n’était pas si fantasque que l’accusation a
bien voulu le faire croire…
Dans la mesure où
ces éléments prouvent l’existence de l’homme au pull-over rouge,
- que les deux
témoins directs de l’enlèvement de Marie-Dolorès (Eugène Spinelli
et Jean Rambla) ont évoqué une Simca 1100 grise et que divers
témoignages attestent que l’homme au pull-over rouge circulait en
Simca 1100 ;
- que la méthode
employée par l’homme ayant enlevé Marie-Dolorès est semblable à
celle employée par l’homme au pull-over rouge précédemment
(subterfuge du chien notamment) ;
- que le pull-over
rouge a été retrouvé dans la champignonnière et que le chien
policier a pu suivre sa trace jusqu’au lieu du crime ;
- que la piste de
l’homme au pull-over rouge a été suivie dans un premier temps,
mais comme Christian Ranucci pouvait fournir un alibi, les
éléments relatifs à cette piste ont été écartés du dossier ;
- qu’il est
certain que ce pull-over rouge ne peut être à Christian Ranucci,
il apparaît
clairement que ces témoignages sont capitaux et apportent une
pierre à la thèse de l’innocence de Christian Ranucci.
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