La
dissimulation à la Cour du témoignage de Daniel Moussy
Lors de ses aveux, Christian a déclaré
aux policiers que la nuit précédant l’enlèvement de Marie-Dolorès
avait été passée à Salernes, dans sa voiture.
Cependant, au cours de son procès, il
s’est mis à nier farouchement ce point et a déclaré avoir dormi à
Marseille où il s’est, selon son expression, « tapé une cuite ».
L’effet de cette déclaration à
l’audience fut dévastateur pour la crédibilité de l’accusé. S’il
mentait sur l’accessoire, pourquoi ne mentirait-il pas sur le
principal ? Christian Ranucci donne à ce moment l’image d’un homme
qui nie tout dans les moindres détails, du meurtre au lieu où il a
dormi la veille.
Et pourtant, Christian disait vrai. Il
a bien passé la nuit précédent l’enlèvement à Marseille. La
défense a réussi à en obtenir la preuve après le procès. C’est par
hasard que Gilles Perrault a rencontré Daniel Moussy. Ce dernier a
déclaré que le 2 juin 1974 vers 20h30 il avait été témoin d’un
accident, une Peugeot 304 gris métallisé renversant un chien qui
venait de jaillir devant ses phares. Si le chien s’était enfui, le
jeune conducteur semblait désolé des dommages minimes causés à sa
voiture. C’est pour cette raison que Daniel Moussy lui a laissé
ses coordonnées, afin de témoigner auprès de sa compagnie
d’assurance. Ce jeune homme qui se souciait de sa voiture, c’était
Christian Ranucci.
La veille de la disparition de
Marie-Dolorès Rambla, Christian Ranucci était donc à Marseille, et
non à Salernes.
De plus, ce témoignage démontre que
l’amnésie de Christian après l’accident n’était pas simulée comme
l’ont dit les experts psychiatres. Il savait qu’il n’avait pas
dormi à Salernes, mais il avait complètement oublié l’accident du
chien et l’existence d’un témoin. Par ailleurs, pourquoi aurait-il
fait de fausses déclarations dans ses aveux sur l’endroit où il a
dormi, alors même qu’il avouait le meurtre ?
Encore plus troublant, Daniel Moussy a
raconté à Gilles Perrault qu’à une date qu’il situe avant le
procès aux assises, il a reçu la visite de deux policiers de
Marseille qui lui ont montré une photo de Ranucci, lui demandant
s’il connaissait cet homme. M. Moussy leur a donc exposé
l’accident dont il avait été témoin et a signé sa déposition. Il a
pense d’ailleurs avoir reconnu parmi les policiers l’inspecteur
Mathieu Fratacci.
Les services de police ont tenté
jusqu’au bout de nier l’existence de ce témoin remettant en cause
une partie des aveux de Ranucci. Et lorsqu’ils ont été contraints
de la reconnaître, ils ont tenté de faire remonter sa découverte à
une date ultérieure au procès, ce qui est plus qu’improbable.
On constate donc qu’au cours des
audiences de la Cour d’assises, les policiers présents dans la
salle ont laissé Christian Ranucci se décrédibiliser en déclarant
qu’il avait dormi à Marseille sans intervenir. On remarque surtout
que c’est délibérément que le témoignage de Daniel Moussy a été
dissimulé à la Cour et aux jurés. Il l’a été car il ne collait pas
avec les prétendus aveux de Ranucci.
Cet élément de doute dans un élément
annexe des aveux de Ranucci jette un doute sur les aveux dans leur
totalité.
Elément
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